Rencontres éthologiques 2006

17 septembre 2006

Lorenzo

Pas de spectacle. Sans feux ni paillettes, Lorenzo nous montre comment il travaille au sol et monté, avec deux de ses six chevaux.

Il entre dans la carrière avec deux lusitaniens gris en liberté. Une ligne de deux obstacles a
été installée, et une barre isolée un peu plus loin.

Il laisse un cheval sur place et s'éloigne en invitant le second. Il explique qu'il commence toujours par travailler ses chevaux individuellement chacun, pour rechercher la connexion. Lorenzo court, change de direction, recule, le cheval toujours sur ses traces le suivant avec entrain. Il saute par dessus la barre isolée, suivi du cheval. Il lui demande un ou deux cabré puis repart.
Ensuite, il monte à l'indienne sur le cheval en plein trot, le met en cercle, fait des transitions, passe au galop, fait des changements de pieds au vol, puis quelques figures de voltiges (descendre et remonter plusieurs fois de suite, s'assoir tête vers la croupe). Je crois qu'il saute aussi une ou deux fois. Puis il descend, laisse son cheval et invite le deuxième. Il renouvelle les mêmes manoeuvres : ce qu'on appellerait du "stick-to-me" au trot et au galop, avec passage d'obtacle et changement de direction, puis il monte à l'indienne, trot, galop, cercle, voltige.

Les deux chevaux connectés, il les prend tous les deux, les place parallèlement, se met à califourchon sur le premier, puis passe debout un pied sur chacun. Il n'a pas de badine. Juste sa voix. Il commence au pas et demande des changements de main.

Quand les chevaux n'obéissent pas aussitôt, il se penche en avant et tapote sur l'encolure. On entend ses ordres : "droite", "gauche", "en arrière", et "shhhh" mais celui-là, je ne sais pas à quoi il correspond. Il l'utilisait souvent et je pense pour récupérer un peu plus d'attention de la part d'une des deux juments qui taquinait sa voisine et oubliait de répondre aux demandes de temps en temps.
Puis il est passé au trot, en ayant récupérer ses deux badines qui lui permettent d'être plus précis et de réagir plus vite au besoin. Les tenant les deux ensembles à chaque extrémités, il les utilise aussi pour sauter par-dessus.


Puis il a commencé à sauter la barre isolée. Il cherche à avoir des juments calmes avant et après le saut, et n'enchaîne que si elles le sont. Il saute ensuite la ligne des deux obstacles. Ses juments chauffent un peu, il les remet dans le calme, juste à la voix. Puis il les remet au galop, les fait cercler un peu, puis demande un arrêt, qu'elles donnent presque nettement.

Il descend et termine en demandant à ses deux juments de se coucher.

Il n'a pas beaucoup parlé, il était dans son monde. Andy a pris la relève, expliquant que Lorenzo est, pour Michel Robert, le meilleur cavalier au monde, qu'il a monté son premier spectacle à 9 ans (si je ne me trompe pas), qu'il est très modeste et n'aime pas parler de lui (c'est vrai qu'il est pas bavard :-), etc...

Lorenzo a fait ce qu'il fait chez lui : il entre dans le paddock, appelle un de ses chevaux, joue avec lui, au sol puis un peu monté, puis appelle le suivant pour le travailler individuellement aussi. Et ainsi de suite. Puis il les travaille tous en même temps.

Une chose que j'ai remarquée : une des deux juments avait une attitude qui aurait pu passer pour agressive. Oreilles couchées (mais pas plaquées), roulement de tête, secouage d'encolure. Je l'imaginais bien aller gnacker le bras de Lorenzo. Mais pas du tout, elle s'arrêtait devant lui aussi net dès qu'il le demandait ou qu'il s'arrêtait lui-même. Elle était plutôt expressive, faisait de beaux demi-tours pour suivre les changements de mains de son cavalier à pied. Peut-être est-ce une jument plus dominante et donc qui adopte plus facilement de telles attitudes lors de ces jeux. Lorenzo n'avait pas l'air de faire attention à cela. Je me suis donc dit qu'il ne fallait pas en faire une obsession non plus. Oreilles en arrière ne veut sans doute pas forcément dire mauvais esprit.

J'ai beaucoup aimé la simplicité de cette présentation, mais je reste un peu sur ma faim parce qu'il n'a pas dit grand'chose. Sauf dans les questions-réponses avec le public auquel il s'est prêté en fin de journée. Voir article plus haut.